Historique de l’église

Le premier lieu de culte du quartier était situé rue Pierre Nicole, proche du Val de Grâce, il s’agissait d’un temple dédié au dieu romain du commerce Mercure.

Saint Denis de Paris, premier évêque de Lutèce, martyrisé avec ses compagnons Rustique et Éleuthère vers 258, pendant la persécution de Valérien,  en aurait fait le premier oratoire de Paris en y prêchant, et en y baptisant, clandestinement.

(Un vitrail de la chapelle de la Vierge rappelle cet évènement.)

Renommé Notre Dame des Vignes, le sanctuaire fut offert par Robert le Pieux (996-1031) aux bénédictins de l’abbaye de Marmoutier. Ils arrachèrent les vignes environnantes et renommèrent le lieu « Notre-Dame-des-Champs ». Il fut le tombeau de Saint Réginald, dominicain, brillant intellectuel, qui mourut en février 1220. Ce tombeau s’illustra par plusieurs miracles, delà commença son culte.

Ce sanctuaire, devint un lieu de pèlerinage aussi à la dévotion de Saint Denis. On s’y rendait par la rue Notre-Dame-des-Champs, alors nommé « Grand Chemin Herbu », il unissait les chemin de Chartres et de Dreux. Les bénédictins avaient construit un collège, rue Saint Jacques, qui les intéressaient plus,  néanmoins Notre-Dame des Champs resta suffisamment prestigieuse pour accueillir le corps d’Anne de Bretagne en 1514, avant son inhumation puis celui de François 1er en 1547 et de nombre grands personnages de l’époque.

En 1604, les bénédictins cédèrent Notre-Dame-des-Champs à la duchesse d’Orléans-Longueville . Avec sa cousine, Mme Acarie, (veuve-religieuse béatifiée et stigmatisée),  le Cardinal Pierre de Bérulle, grand prélat du XVIIème, y installa les carmélites réformées par Sainte Thérèse d’Avila (Les Déchaux (de déchaussées)), qui venaient d’Espagne.

Lui-même devient l’un des trois supérieurs du Carmel en France ; avant de créer les oratoriens. Une société fille, des oratoriens de Saint Philippe Néri, en 1611, la Société de l’oratoire de Jésus.

Le monastère de Notre-Dame des Champs devint l’un des plus célèbres du XVIIe siècle. Le cœur de Turenne y fut déposé.

C’était là, aussi, que se retirèrent  beaucoup de dames qui devaient faire pénitence pour expier des vies antérieures quelque peu dissolues ! Comme Mademoiselle de La Vallière et Madame de Montespan. La première y devint religieuse, durant 36 ans,  elle y mourut sous le nom de Louise de La Miséricorde.

À la Révolution, le couvent fut fermé et l’église détruite. Le 9 thermidor il fut vendu comme bien national. Au début du XXe siècle, des religieuses venaient encore prier dans les vestiges de cette chapelle souterraine. En surface, il ne reste plus rien du monastère qui existait.

La maison devint Maison de Charité. On s’occupait beaucoup dans le quartier des enfants trouvés et de la salubrité.

Les grands travaux de Paris, la transformation du quartier avec ses deux gares : Denfert-Rochereau et Montparnasse virent afflués  beaucoup d’ouvriers, bretons principalement.

En 1858, on créa pour le quartier une paroisse qui reçut naturellement le nom de Notre-Dame-des-Champs, avec comme lieu de culte provisoire une chapelle en bois de sapin rouge (surnommée Notre Dame des Planches) située aux no 153-155 de la rue de Rennes (actuel Kookaï). Jusque-là, le quartier faisait partie de la paroisse Saint-Sulpice.

La chapelle-chalet servait de lieu de culte et de refuge aux malheureux,  il était impératif de créer une véritable église. Grâce à l’acharnement de certains prêtres, le conseil municipal de Paris délibéra le 13 Juillet 1866 en approuvant le projet de l’architecte de la Ville de Paris du VIème arrondissement : Léon Ginain

Cette réalisation devint concrète avec la pose de la première pierre le 17 Mars 1867. Cinq années de construction furent nécessaires, avec l’interruption de la guerre de 1870.

La sélection de la Ville de Paris et du Conseil de fabrique (instance décisionnaire des églises avant 1905) est impressionnante, pour le choix des artistes retenus, tous ou presque sortent des Beaux-Arts et sont premier ou second prix de Rome.

La bénédiction eut lieu le 31 Octobre 1876, néanmoins la crypte servait déjà de chapelle du catéchisme. La consécration eut lieu par le Cardinal Amette, le 25 Mars 1912.

Notre église actuelle n’a donc que 150  ans mais elle s’inscrit dans un quartier chargé d’histoire religieuse depuis les prémices du christianisme dans Lutèce.

V. de C.